30 ans et toujours pas Ex Æquo face à la santé !

Dans quelques mois, l’asbl Ex Æquo aura 30 ans. Le constat à l'origine de son nom reste malheureusement inchangé: la nécessité même de son existence est malheureusement celui d’un échec de la société à traiter les HSH et les LGBTIA+ plus largement de façon équitable.

En 2023, nous ne sommes toujours pas Ex Æquo face à la santé.

Occupés à revisiter nos archives, nos volontaires ont retrouvé un interview de 1995 dénonçant le sous-financement des associations à destination des HSH, le jargon désignant les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes dans la prévention du VIH. 

30 ans plus tard, nous devons toujours faire face aux mêmes inégalités. Les HSH restent particulièrement touchés par le VIH. Environ 50% des nouvelles contaminations touchent cette population chaque année et pourtant, nous sommes loin de toucher 50% des subsides concernant la prévention du VIH. Pourquoi cette incongruence? Doit on y voir les effets d’une société historiquement hétéro-centrée et homophobe ? Il est grand temps que cela cesse !

L’histoire de la lutte contre le VIH l’a démontré : seules des interventions ciblées permettent d’avoir un impact fort sur l’épidémie. Ce dernier est accru si elles sont mises en place par les publics et communautés concernés. 

Pour atteindre les objectifs de l'Onusida pour 2030, il est important de revoir la répartition des subsides afin que l’effort soit le plus efficace possible. Nous avons les technologies et les savoirs pour atteindre ces objectifs. Seuls les financements manquent. Il est temps de les concentrer sur les publics cibles les plus touchés. Une réelle volonté politique traduite par un effort financier conséquent devrait permettre de voir une diminution conséquente de l’épidémie du VIH. 

Le sous financement de nos structures implique un turn over régulier de nos salariés car nous sommes dans l’incapacité de les rémunérer à hauteur de leurs expériences et mérites. La surcharge de travail, l’ampleur de la tâche fatiguent nos équipes et a un impact négatif sur notre capacité à remplir notre mission et, in fine, sur la santé de nos communautés. 

Les études le montrent: au-delà du VIH, les HSH et les personnes LGBTIA+ sont en moins bonne santé que la population dite générale. L’approche universaliste voudrait que chaque personne soit également reçue par n’importe quel dispositif de santé généraliste. C’est un leurre. Aujourd’hui, nous savons que les dispositifs les plus efficaces sont ceux qui visent les publics les plus touchés. L'approche communautaire marche. Il est temps d’investir de façon beaucoup plus importante dans ces dispositifs qui démontrent leur efficacité depuis des années. 

Le projet de Maison Arc-en-Ciel de la Santé s’inscrit dans cette logique. Avec le Centre communautaire LGBTQIA+ des Grands Carmes, il placera Bruxelles à la tête des villes attentives à la santé et au bien-être des personnes LGBTQIA+. Cela suppose un changement d’échelle et un effort humain pour les associations porteuses du projet. 

Donnez-nous les moyens d’être enfin tous Ex Æquo face à la santé !


Article publié le 1 décembre 2023 à l'occasion de la journée mondiale de lutte contre le VIH/SIDA